Jumat, 04 November 2011

Pôle Emploi, des salariés pris en otage ?


Le 17 octobre, un chômeur prenait en otage deux cadres de Pôle Emploi à Paris. En Auvergne, rien de tel, mais les syndicats s'inquiètent d'une montée des incivilités et d'une dégradation des conditions de travail.
Sébastien Dubois sebastien.dubois@centrefrance.com
«Même si ça n'excuse pas les actes d'incivilités ou les agressions, on comprend que les demandeurs d'emploi soient en colère ». Derrière ses airs bonhommes, Daniel Barbat, secrétaire CGT du comité d'hygiène, de sécurité des conditions de travail (CHSCT) de Pôle Emploi Auvergne, aurait presque vu venir le fait divers du 17 octobre,.
Hausse des incidents
Ce jour-là, en région parisienne, un homme de 45 ans prenait en otage deux cadres de Pôle Emploi. En Auvergne, rien d'aussi grave. Une seule agression physique a été recensée sur un manager, début 2010. Mais ces derniers temps, « les incivilités et les agressions verbales » ont tendance « à se multiplier ». « C'est devenu monnaie courante », soupire Cécile Nocart Souchayre, déléguée Force Ouvrière.
Sur les registres « Hygiène, santé et conditions de travail », sorte de main courante des incidents dans les agences de Pôle Emploi, 73 cas ont été comptabilisés en Auvergne au 1er octobre 2011, contre 70 sur l'ensemble de l'année 2010.
Pour les syndicats, la crise et la colère sociale qui monte « n'expliquent pas totalement cette hausse ». Les conditions de travail - et donc de réception des clients et de traitement des dossiers - sont également au coeur du débat. « L'accueil ne se fait pas dans de bonnes conditions, juge Daniel Barbat. Le plus souvent, on renvoie les demandeurs d'emploi vers l'informatique ou le téléphone ».
Le phénomène n'est pas nouveau. Les représentants du personnel dénoncent cette situation potentiellement explosive, depuis la création de Pôle Emploi, il y a trois ans. « On a tenu un discours mensonger sur la fusion, tranche Cécile Nocart-Souchayre. Et aujourd'hui, ce sont les salariés qui en paient le prix ». Entre une réforme « à marche forcée » et la recrudescence du chômage (+ 2,6 % en Auvergne depuis un an), « les employés sont résignés, analyse la syndicaliste Force Ouvrière. Et ce, d'autant plus qu'ils savent qu'ils n'ont pas les moyens de faire mieux ».
« Mort annoncée »
« Ce mal-être » des employés se retrouve, au niveau national, dans l'augmentation de 13 % du nombre des arrêts maladies -« On est à peu près au même niveau en Auvergne », admet Daniel Barbat-, mais aussi dans les discours que tiennent les salariés entre eux. « On a l'impression qu'on nous laisse seuls, qu'on veut démanteler Pôle Emploi », confie l'un d'eux.
Les promesses budgétaires non tenues, la réduction des déficits et la suppression de 1.800 postes, l'année dernière sont également passées par là. Et au lieu du portefeuille de 60 chômeurs par agents promis au moment de la fusion, on approche aujourd'hui les 250 « Si on ajoute les problèmes de locaux, de formation et de budgets, c'est la chronique d'une mort annoncée », promet Cécile Nocart-Souchayre.
Le nerf de la guerre est évidemment financier. Même s'il s'annonce « stable », le budget 2012 pour Pôle Emploi n'empêche pas les interrogations sur l'avenir. L'ombre des opérateurs privés de placement plane toujours, comme les retombées du programme « Repères », qui pourraient redistribuer la présence des salariés sur le territoire, à l'horizon 2012.
Consciente de la situation, la direction générale a demandé aux directions régionales de placer les conditions de travail et de sécurité au centre de « CHSCT exceptionnels », à réunir dans les meilleurs délais. En Auvergne, ce sera chose faite, le 25 novembre. La prise d'otage du 17 octobre aura finalement servi de détonateur et révélé au grand jour les conditions de travail des agents de Pôle Emploi. Mais l'institution reste une bombe à retardement. n
è Sur France Bleu ce matin. Suivez l'émission « L'Invité » à partir de 8 h 15.

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